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LES ONZE PRINCIPES D’ACTION DU PSYCHOMOTRICIEN

Pour citer cet article : Renard karine, Les onze principes d’action du psychomotricien, article issu de thèse de doctorat en Sciences de l’éducation, « Corps et principes d’action en thérapie psychomotrice », ressource électronique, site personnel de l’auteure : karine-renard.fr – Toute reproduction est autorisée à condition de citer son auteure … 

Ces onze principes d’action sont l’aboutissement de ma thèse de doctorat en Sciences de l’Education : Corps et principes d’action en thérapie psychomotrice. Les principes d’action guident le psychomotricien dans leur travail. C’est l’essentiel de leur action, au delà des outils et des méthodes. C’est ce que chacun doit toujours garder en tête pour le guider dans son geste professionnel. 

Dans mon travail de recherche j’ai voulu mettre en évidence des principes d’action partageables par tous les psychomotriciens quels que soient leurs lieux d’exercice et les personnes soignées, en interrogeant la nature concrète de cette intersubjectivité qui sous-tend l’action relationnelle avec le patient.  

 

Au terme de mon travail, j’ai repéré dans les pratiques des psychomotriciens onze gestes principes d’action sous-tendus par son engagement corporel majeur et sa technicité. Tous ont pour objet la transversalité de la pratique professionnelle, quel que soit les spécificités des personnes soignées, en lien avec l’action :

Le geste impressif : Il est particulièrement centré sur le mouvement d’enroulement et d’adduction corporel, sur les « ramenés à soi » physiques et psychiques. Le mouvement impressif permet au sujet de reprendre confiance et stabilité en ses vécus interactifs émotionnels et physiques. Il vise la stabilisation et la cohérence interne, proposant au sujet un chemin de structuration des perceptions, une intégration corporelle des structures fondamentales psychomotrices.

Le geste de répétition : répétition non pathologique, indispensable à l’apprentissage, à l’intégration du geste. A partir de la répétition, s’inscrit la sécurité dans l’appropriation des vécus. L’ essai-erreur permet d’ajuster et de tranquilliser les acquis, d’y revenir si le besoin s’en ressent.

Le geste de concordance est éminemment au cœur de la pratique professionnelle en psychomotricité. Situé au plus sensible de l’engagement corporel, le psychomotricien crée et recrée sans cesse la médiation ou la remédiation d’ajustements tonico-émotionnels, musculaires de l’échange princeps entre le sujet et le monde, afin que le monde devienne monde pour soi, monde pour le sujet soigné. Le geste de concordance revêt un costume de micro-ajustements, de distance calculée entre les corps, d’un « sentir » à un « ressentir » le corps de l’autre pour entrer en contact corporel, dans sa totalité physique et psychique. Là où l’accordage entre deux sujets peut trouver sa place et tendre son geste au plus juste.


Le geste de redressement corporel : l’attention est portée au mouvement dynamique du corps, au geste sur l’action dans ses caractères évolutifs et expressifs. Ce geste soutient et conforte le redressement du corps, à l’être debout.  Cet investissement physique et psychique de l’espace vers le haut, vers un projeté de soi devenu possible. La marche et la préhension ouvrent aux découvertes et aux explorations multiples. Elles libérèrent le corps dans son ouverture au monde.

Le geste de soutien de la spontanéité : là où la nouveauté rejoint la surprise et l’étonnement du surgissement qui vient à soi. Ce sont autant de déstabilisations évolutives en commencements fertiles. Par l’action, le sujet crée en situation de soins, donc accompagné, des expériences structurantes, métabolisantes, qui sont autant d’ajouts et de potentiels évoluant de l’émergence vers la connaissance.

Le geste de soutien de la trace de soi : la trace, indice signifiant du sujet rend visible à soi, visible aux autres, visible au monde. Elle fait lien dans l’échange et montre ce qui de soi est sensible, corporel. Elle participe à l’éclosion du sujet et, par sa dimension réflexive importante ajoute à son être-au-monde. ( la trace est multiple : dessin, trace de corps dans le sable, la semoule, empreintes corporelles diverses)

S’ajoutent à ces gestes, liés aux deux dimensions de l’action, les gestes suivants, attachés à l’engagement corporel :

Le geste associé au « laisser le corps faire ! » : je suis convaincue que le sujet sait, consciemment ou non, ce qui est bon pour lui. Son corps le sait. Ce principe d’action nous ramène à l’expérience corporelle comme condition de développement psychomoteur et plus encore comme condition de subjectivation. Le psychomotricien, par sa posture et ses modalités d’entrée en soins pose les conditions de l’expérience corporelle et de son intégration.

Le geste de confiance : la confiance, en soi et en l’autre, en l’existence et en son environnement est transversale et fondamentale. Elle s’établit au fil de la vie dans le concret de l’intercorporéité sensible d’une part, par des actes marqués d’autre part. Non imposable, elle est le fruit d’une posture et d’une attitude, où l’engagement authentique du soignant situe le sujet d’égal à égal.

Le geste de voix et de silence : la voix entre et sort du corps, ponctuée éventuellement par des mots, des silences, des sons plus ou moins signifiants. La voix est impressive et expressive, fluctuant sur la respiration vitale. Elle pose et signifie ce qui de soi va à l’autre et en revient par son écoute. C’est une médiation
exceptionnelle pour le psychomotricien, là où l’appropriation du sujet peut aussi se révéler et prendre corps, de sa forme la plus simple (aux sons émis) à la plus précise symboliquement, aux phrases articulées et construites pour la transmission.

Le geste de situation corporelle : se vivre à sa place, en concordance avec les autres sans se sentir envahi, c’est accorder un espace à son corps, vis à vis d’autrui et de l’espace commun à tous. C’est se savoir différent. Sa coordination s’ajuste, le
sujet est calé en son corps. Le sujet placé est en ancrage dans son schéma corporel, dans ses sensations, dans sa sensation d’existence. Il est sujet dans son espace.

Le geste de plaisir : à la confluence de la physiologie et de la psychologie, le plaisir inonde le corps, c’est un moteur puissant d’intégration. Il est vecteur d’ouverture à l’autre, dans le moment du partage. Intrinsèquement relié à l’expérience, il se vit dans l’instant et prend valeur de transformateur des éléments concourant à la
psychomotricité du sujet en sens et en symbolisation.

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